La Guerre des Gaules

Erwin frotta son bras sur son front pour éloigner la sueur. Du haut de son cheval noir, il regardait autour de lui ses gardes du corps s'entraîner. La plupart étaient sur leur cheval également, afin de se préparer à se battre avec leur lance, au moment où les hostilités commenceront. D'autres utilisaient une longue épée, voire une hache, au cas où un ennemi réussirait à désarçonner. Il fallait savoir se battre les pieds sur le sol, même si l'on était noble.
Il était fier de commander une unité aussi brave, fière et puissante. Pendant qu'ils s'entraînaient, leurs armes respectives étaient aiguisées, et leurs armures renforcées, afin que chacun puisse être le plus efficace possible le jour de la bataille. Enfin des batailles. Erwin escomptait sur le fait que les Gaulois allaient envoyer de nombreux guerriers à la guerre.
Il se tourna vers son adversaire du moment, lui aussi sur son cheval. Son fidèle compagnon Franz, son bras droit, haletait comme un chien en rut.

- Alors Franz, tu faiblis ? lança-t-il, provocateur. Tu ne tiens plus aussi bien qu'avant. Tu commence à vieillir à vingt-deux ans seulement ?
- C'est toi qui deviens chaque jour plus fort, Erwin, répondit Franz en un seul souffle.
- C'est possible. En tout cas je ne vais pas pouvoir m'améliorer davantage avec un faiblard comme toi.
Franz éclata de rire.
- Tu trouveras bien un Gaulois plus fort que toi un de ces jours, je ne m'inquiète pas.
- Ça ne me fait pas peur, répondit Erwin en haussant les épaules. De toute façon, les Gaulois ont tellement peur de mourir en général, et si peu de sens tactique, qu'il sera facile de les écraser. J'ai confiance en mon génie tactique.
Franz approuva.
- Tu es bien vu par le Conseil des Nobles. Les Rumeurs prétendent même que tu es favori pour succéder au fils d'Irmin. Je pense qu'ils attendent d'éventuels exploits qui pourraient confirmer une certaine légitimité.

Erwin approuva. Pour l'instant, il n'était que général. Mais bientôt...
Il regarda autour de lui. Oui, les hommes s'entraînaient, mais ils étaient déjà prêts. Bientôt...

Volker tâta la lame de son épée nouvellement forgée. Celle-ci était solide et maniable, de la bonne métallurgie germanique. Des runes étaient gravées, garantissant que les flèches se détourneraient de son possesseur. Il la fit fendre l'air dans un son merveilleux à ses oreilles. Puis il se tourna et tenta de couper un rondin en bois en deux, avec succès.

- J'aime beaucoup, dit-il à Ulrich, le forgeron. Elle est très bien équilibrée et très affutée. Aucun crâne gaulois ne risque d'avoir de chance face à cette arme.
- Cette arme seulement ? répondit le forgeron. J'en ai forgé une bonne centaine de semblables, pareil pour mon ami. Et l'on raconte que dans d'autres oppidums, des fonderies énormes ont une cadence si élevée que l'on fabrique même des lances pour les simples fantassins.
- Intéressant, répondit Volker. Et je suppose que ces armes et armures optimisées seront portées par les guerriers sous le commandement d'Erwin.
- Ne te formalise pas. Tu sais bien qu'il est favori du conseil des Nobles.
- Tu parles ! Tu es juste derrière. Son père était renommé pendant l'époque de l'unification des tribus. Sa Famille en a acquis beaucoup de richesse et de prestige. Le voilà le favoritisme.
- C'est possible. Mais l'on raconte que Erwin a montré un véritable génie tactique. Et après la perte des territoires à l'est et au sud, je pense que le conseil veut recouvrer un peu d'orgueil. Ils t'ont tout de même envoyé beaucoup de cavalerie lourde, afin d'être sûr que tu ais ta part de conquête également.

Volker inspira à fond. Il se confia à son ami d'enfance, il révéla l'idée qui germait dans sa tête depuis quelques temps. Depuis que la guerre avait été déclarée aux Gaulois.

- Ulrich... Ceci n'est pas qu'une guerre contre les Gaulois. C'est une guerre entre deux Familles germaniques. C'est une compétition entre deux hommes qui souhaitent le pouvoir du Roi. Et le Conseil choisira entre les deux. Voilà la vérité.

Ulrich le regarda sans mot dire, puis tourna son regard sur son enclume. Il haussa les épaules puis reprit son travail de forgeron.

- Alors soit le meilleur, mon ami.

Confédération des Gaules a écrit:

Un diplomate Gaulois vint modestement se présenter devant l'armée d'Erwin Le Jeune, qui disait-on était le plus à même de succéder à Irmin II a la tête des tribus germanique.

- Mon peuple m'envoie vous demander humblement la paix, nous cédons à toutes vos revendications :
- Les clés d'Alésia vous serons remises.
- Les Gaulois ne contesteront plus la légitimité des germains sur les villes d'Augustobona et de Durocortora.

En espérant que vous serez indulgent, Tugoresix est mort, et la Gaule ne veut plus se battre contre ses anciens frères...

***

Erwin écouta le Diplomate. Cela faisait une semaine que les combats avaient eu lieu dans l'oppidum de Durocortora, et les marques de blessures (de minces égratignures) n'avaient pas encore disparu de son visage. Les pertes avaient été faibles et il se sentait de bonne humeur. Malgré tout, il se méfiait des paroles du Diplomate. Son intention n'était pas d'offenser sa hiérarchie.

- Je ne sais pas... commença-t-il. Ce n'est pas à moi de décider du sort de la guerre, mais au Conseil des Nobles. Je n'ai aucune légitimité pour déclarer la fin des combats. Je n'ai pas non plus à désobéir au Conseil qui m'a ordonné la prise des villes gauloises. Techniquement, nous devrons nous diriger à présent vers Lutecia.

Il y eut un silence. Franz, le second, mumura quelque chose à son oreille. Erwin fronça des sourcils. Il répondit à voix basse d'un ton sec, mais Franz se fit insistant et répliqua, toujours à voix basse. Il y eut un nouveau silence, puis :

- J'espère que le Conseil ne s'offusquera pas, dit alors Erwin. Je vais lui envoyer un messager, il me rapportera la réponse.

***

Une semaine s'écoula avant que le messager, envoyé par Erwin, revint avec la réponse du Conseil. Erwin fit appeler le Diplomate gaulois, afin de lui citer à voix haute ce que lui avait répété le messager.

- D'après décision du Conseil, les Germains acceptent la paix avec les Gaulois, sous les conditions suivantes : les clefs de Lutecia, et non d'Alesia ; la non-contestation des Gaulois sur les terres germaniques prises au cours de cette guerre ; la restitution des terres volées aux Daces, à savoir Geneva, Argentoratum et Iuvavum. Les Germains souhaitent que ces trois villes reviennent de droit aux Daces.

Ayant lu les conditions, Erwin regarda bien le Diplomate dans les yeux.

- Je trouve dommage que nous n'ayons pas vaincu lors d'une grande bataille. Cela aurait scellé la paix en notre faveur. Mais il faut avouer que vous vous êtes bien battu. Et la décision du Conseil vaut toutes les lois, sauf celles des Dieux. Les conditions de paix sont respectables, vous conviennent-elles ?

***

Confédération des Gaules a écrit:

Le diplomate Gaulois ne put cacher sa joie, les conditions du germains était plus qu'acceptable.

- Merci Grand seigneur, remerciez aussi le conseil de sa sage décision...Le conseil celte sera ravit d'apprendre que vous avez acceptez.

Et sur un ton beaucoup plus triste il àjouta

- Quand à la grande bataille, elle a eu lieu au nord d'Alésia, ce fut pour nous la plus cruelle de nos défaite... la mort de Tugoresix.

Voyant que le germain n'avait pas apprécié ce dernier commentaire, le diplomate se dépêcha d'ajouter :

- Vous avez les salutations distingués du conseil celte ainsi que du conseil tribal, et bien sûr les miennes, son humble serviteur...

Le diplomate partis, il avait été impressionné par le jeune chef, il s'attendait à croiser quelqu'un de beaucoup plus cruel et tyrannique, un peu comme l'ancien chef.
Peut-être s'était-ils trompers, peut-être que la politique de Tugoresix avait été la source du problème...

***

- Comment !?
Volker fulminait de rage. D'après son informateur, les Gaulois avaient envoyé un diplomate négocier la paix avec Erwin, réputé favori du Conseil. Pourquoi, bon sang ?
Mais les nouvelles étaient encore bien pire. Le Conseil avait voté la paix avec la confédération des Gaules, ce qui signifiait l'arrêt des hostilités.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Se tourner les pouces ?
Ulrich posa la main sur son épaule.
- Je regrette, mais les choses semblent finies pour l'instant. Les cités convoitées ont été récupérées, et Erwin a eu le beau rôle sur ce coup-là. Le capitaine Frank et son armée au sud a réussi l'exploit de tuer le Roi sur le champ de bataille. Voilà qui a refroidi nos ennemis et qui a décidé de la paix également.
Volker ne décolérait pas. Mais les choses étaient terminées et il fallait passer à autre chose.
- Je vais entraîner mes hommes. Je ne veux pas que la paix les ramollissent. Qu'ils suent sang et eau ! Qu'on leur forge les meilleurs armures du monde ! Je veux que l'on soit en alerte constante, si une nouvelle guerre éclate, que mes hommes soient en première ligne ! Qu'ils effacent jusqu'à l'existence même d'Erwin !