L'heure Egyptienne.

L’heure était tardive, la nuit bien avancée. L’Egypte s’endormait tranquillement, sereine. Des années de paix renforçaient la douce quiétude du peuple Egyptien. Mais une tempête allait tout bouleverser. Et lorsque le sable retombera, bien sage sera celui capable de prédire ce qu’il adviendra.
Pharaon avait espéré jusqu’au bout trouver un terrain d’entente avec son voisin Numide. Il avait toléré les prises de Lynxama magna, Lynxama minor et Celana, alors que ces propres troupes allaient s’en emparer. Néfermaât était certes entré dans une fureur noire, mais il n’avait alors élevé qu’une faible protestation. Aujourd’hui il s’en voulait de ne pas avoir était plus ferme, qui sait si cela n’aurait pas évité cette tragédie.
Lorsque le roi Jugurtha l’avait contacté pour discuter d’une éventuelle alliance. Pharaon s’était dit que peut être l’occasion était venue de faire valoir ses droits sur ces cités. Mais aujourd’hui au vu de la réponse Numide, il est évident que la soif de conquêtes de Jugurtha n’a d’égal que son orgueil et son aveuglément !
Mérikaré disait « la langue est le glaive du roi ! les mots valent plus que tout les combat » mais cela n’est vrai que lorsque l’on écoute.
Les mots de paix avaient eu leur temps, l’heure était maintenant aux cris de guerre.
« Nous, Néfermaât, Pharaon, Maître de la Haute et Basse Egypte, déclarons la guerre à la Numidie ! Préparez vous, roi Jugurtha, à affronter les armées de l’Egypte et que Ôsiris vous ramène à la raison.
Sa déclaration faite, Pharaon se tourna vers ses généraux.
« Vous avez vos ordres. Que Bastet arme votre bras et nous mène à la victoire.

Néfermaât était impatient, son voyage n’avait que trop duré ! Sur son chariot royal, il faisait route avec son escorte vers Darnis. L’éloignement de la zone des combats était maintenant si grand que les messages arrivaient avec une semaine de retard et les dieux de la guerre pouvaient être parfois si versatiles qu’une mauvaise nouvelle ne lui serait alors parvenue que trop tard. C’est pourquoi il s’était résigné à quitter Alexandrie et son doux confort pour une des cités Numide qui était maintenant sienne. Comme à son habitude rare était ceux qui savaient ses desseins, son arrivée à Darnis serait donc totalement inattendue. Quelle fut sa surprise lorsque parvenu non loin de la ville, il aperçu des piquiers calmement alignés, les colonnes parfaitement disposées, prêtes à l’accueillir.
Descendant de son chariot, il passa en revu les troupes. Un officier sorti des rangs et le salua. L’homme avait le visage buriné de celui qui avait vu nombre de lever de soleil dans le désert, un vétéran sans aucun doute.

« Je vous salue, monseigneur ! Soyez le bienvenu à Darnis, nos éclaireurs nous ont signalé votre arrivée ce matin. Nous n’avons guère eut le temps de préparer le palais du gouverneur, aussi j’implore votre pardon. »

« Nous verrons - fit le jeune Pharaon, qui ne voulait pas paraître surpris- Allons y, nous y ferons votre rapport, les nouvelles que nous possédons ne sont pas toutes fraîches aussi nous comptons sur votre précision. »

« A vos ordres, monseigneur »

Et pendant que le maître de l’Egypte passait les portes de la cité, un autre officier sorti des rangs.

« A mon commandement ! A gauche, GAUCHE ! » Comme un seul homme les compagnies pivotèrent.

« En colonne par un, direction la garnison, EN AVANT MARCHE ! »

Et les pieds de centaines de soldats frappèrent le sol à l’unisson.
Arrivé au palais, Pharaon s’installa dans une salle qui aurait été grande pour le commun des mortels, mais qui pour le descendant de Râ habitué au faste d’Alexandrie, semblait bien petite.
Sur la table centrale, des cartes étaient étalées, faites par les meilleurs cartographes de l’empire, leur précision n’avait pas d’égale. Sur chacune d’elles étaient disposées de petites figurines, soigneusement ouvragées dans de l’ivoire et dont certains détails étaient agrémentés de délicates pierres, lapis lazuli, émeraudes, diamants et topazes. De l’or fin finissait d’orner ces œuvres d’art.

« Comme vous pouvez le constater, nous… »

L’interrompant, un homme pénétra dans la salle. Saluant respectueusement Pharaon, il s’avança vers l’officier en lui tendant une missive.
L’officier la déroula.

« Eh bien commandant, qu’est ce ? »

« Un message du général Djésertéti. »

Sans dire un mot de plus, il se pencha sur la table et se saisissant de la figurine de l’armée de L’Ibis, il la déposa délicatement sur la cité de Ptolémaïs Sinus.