Sir John Moore regardait la ville de Brest. Il se disait que l'opération Operlord se déroulait vraiment à la perfection: d'après les dernières nouvelles, la flotte française avait coulé sans infliger la moindre perte aux frégates chargées de l'éliminer. Il savait aussi que le IIème corps d'armée d'Angleterre était bien arrivé à Paris, malgré les prédictions défaitistes de ceux qui pensaient que remonter la Seine tenait du suicide.
Il regarda ensuite son Vème corps d'armée d'Irlande, qui campait en bon ordre devant la grande cité de Brest. Il devinait que les docks de cette ville faisaient peur à la Marine: d'après les espions, le défun Consul avait ordonné la construction de chantiers capables de rivaliser avec ceux du Royaume-Uni, et donc de créer des vaisseaux de ligne. Mais il allait supprimer cette menace et fournir à la Royal Navy un port d'attache en France.
La libération de la ville se présentait bien: le messager qui y avait apporté les avertissements de rigueur n'y avait vu aucune troupe républicaine mais avait été accueilli par des Bretons enchantés, qui se souvenaient sans doute que pendant leur guerre d'indépendance vis-à-vis des Français, le Royaume-Uni n'avait cessé de les soutenir en leur livrant des armes et des canons et en les organisant.
Le général Moore donna l'ordre de se préparer à défiler dans la cité.