Histoire de l'Arménie

Histoire du Royaume d'Arménie

Ancienne satrapie de l'empire Perse, l'Arménie ne fut pas conquise par Alexandre le Grand, et prit son indépendance avec la disloquation de l'empire Perse. Néanmoins, en 221 BC, l'Arménie fut vaincue par Antiochos III et intégrée à l'empire Séleucide. En 190 BC, les séleucides subirent une importante défaite à Magnésie, qui affaiblit considérablement l'empire. Un certain nombre de d'états profitèrent de cette faiblesse pour s'émanciper des séleucides. Le strategos d'Arménie, Artaxias, rendit son indépendance au royaume et en devint roi.

Nous voilà maintenant en 180 BC. Artaxias, devenu Artaxias 1er, a efficacement gouverné l'Arménie pendant une décenie et le royaume s'est agrandi et a prospéré. L'empire Séleucide sortit de la tourmente cette même année, un nouveau roi fort ayant accédé au trône : Sethascorpion. Artaxias, après avoir restauré le royaume d'Arménie, entrepris de chercher des alliés contre les menaces des pays voisins. Les peuples scythes et thraces cherchaient également à faire cause commune avec des puissances voisines, et un accord d'alliance fut conclu. Néanmoins, des divergences d'objectifs sont apparus entre le roi et ses deux alliés, et la nouvelle lui fut apportée qu'un roi fort et sage avait pris la tête du royaume du Pont, Mithridate. Artaxias mit fin à l'alliance avec ses voisins scythes et thraces, mais veilla à rester en bon termes, ne cherchant point à provoquer une guerre. Il conclut ensuite une alliance soudée avec le souverain pontique, la culture similaire des deux royaumes renforçant cette alliance nouvelle.

Ceci fait, Artaxias se tourna vers la multitude d'états formés par l'ancien éclatement de l'empire séleucide, avant que son nouveau roi n'en récupère le contrôle par la force. Pour ces futures conquêtes, il nomma général un certain Tigrane, noble arménien s'étant illustré dans un grand nombre de batailles. Tigrane était un homme talentueux d'une quarantaine d'année ayant démontré de grands sens tactiques au fil de ses combats, et était féru de culture héllène. Pour Artaxias, sa principale qualité n'était pas son expérience ou son sens tactique, mais sa fidélité sans faille envers son souverain.
Honoré par cette promotion, Tigrane rassembla les armées arméniennes et se lança dans la conquêtes des cités rebelles du sud est. Il alla de victoire en victoire et fit plier chacun des états en l'espace d'à peine une année au fur et à mesure de sa descente vers le sud. Il conclut sa campagne par la prise de Pasagarda après un siège, et rentra en Arménie auréolé de gloire. Artaxias, ravi de tant de cités intégrées au royaume d'Arménie en si peu de temps, nomma Tigrane Généralissime (hrp : les titres ronflants c'est le bien), ce qui mit la totalité de l'armée arménienne sous son commandement (amsi restait au ordres du roi, évidemment).

En parallèle, Artaxias entreprit des actions diplomatiques envers les pays voisins, concluant des accords et commerces et s'assurant d'une paix durable. Le roi profita de cette paix s'annonçant longue pour lancer la formation d'une armée de métier, bien équipée en entrainée. Ainsi, à long terme, ses soldats entrainés vaudront les meilleures armées du monde, et l'Arménie sera en position de répondre à toute attaque venue de l'extérieure. Le généralissime récemment promu supervisa l'entrainement des troupes, veillant à former une armée d'exception.

Une nouvelle ère s'annonce pour le royaume d'Arménie.

Enfin, les terres romaines.
Du haut d'une colline, le Généralissime Tigrane regardait les troupes arméniennes lentement débarquer des navires de transport. Le voyage depuis la Colchide fut long et éprouvant. Heureusement, aucune tempête ne s'était déclarée sur le chemin, tous les navires étaient arrivés à bon port.
La république romaine avait appelé à l'aide et elle l'a obtenu. L'Arménie avait envoyé une armée d'élite en avant garde, menée par le Généralissime en personne. Tigrane avait lui même demandé la responsabilité de cette première armée de secours, après tout les raisons de cette aide étaient en partie personnelles.
Dès que les soldats auront débarqués, l'armée se mettra en marche pour repousser les barbares qui envahissaient tout la région. Ce sera une démonstration idéale de la puissance des armées d'Orient.
Cela était loin maintenant... mais il se souvenait de la promesse. Rome ne tombera pas, c'était une affaire d'honneur maintenant.
Tigrane envoya immédiatement un messager à Rome. Il fallait entrer en contact rapidement avec un haut représentant romain pour clarifier la situation et repousser les barbares de concert.

(hrp : je reste volontairement flou, la situation sera éclaircie prochainement)

Un émissaire arménien arriva aux portes de Rome, sa monture épuisée. Il demanda à parler devant le sénat pour une annonce de la plus haute importance, en précisant que cela concernait la guerre en cours.

Quand il fut introduit devant le sénat, il se racla la gorge et entama son discours en romain, avec un léger accent cependant :

Sénat de Rome !
Je parle ici au nom du Royaume d'Arménie, qui a répondu à votre appel contre les barbares qui pillent et envahissent vos terres. Comme vous vous en doutez, l'aide de l'Arménie n'a pas un but caritatif. Nous perdrons des hommes et de l'or dans cette guerre, il nous faudra une compensation à la hauteur de l'effort. Mais soyez rassurés, nous ne voulons pas saigner Rome à blanc. Nous en discuterons quand la victoire sera notre.
Néanmoins, vous devez vous demander pourquoi une nation si lointaine a décidé de vous soutenir militairement dans cette guerre. Après tout, ces barbares ne nous menaçaient aucunement, et Rome est bien trop lointaine de l'Arménie pour entretenir des relations soudées. Mais la raison est tout autre, et aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'est une affaire personnelle concernant un des nobles les plus puissants d'Arménie et votre premier consul.
En effet, il se trouve que votre premier consul, Scipion l'Ancien, a effectué il y a une vingtaine d'année un voyage en Grèce et en Orient. Il participa en tant que mercenaires à plusieurs batailles où il se lia d'amitié avec un jeune prince arménien.
Devenus frères d'arme, les deux hommes s'étaient jurés une entraide militaire quelles que soient les circonstances. Ce jeune prince arménien, qui avait une vingtaine d'années à l'époque, a fait son chemin. Il se nomme Tigrane, et est à présent Généralissime des armées d'Arménie, et est le deuxième homme le plus important du royaume après le roi.
A la demande d'aide du premier consul aux autres nations civilisées, il s'est souvenu de son serment et a décidé de faire son possible pour que l'Arménie soutienne Rome militairement. Le roi Artaxias le tenant en haute estime, Tigrane a pu le convaincre d'accepter de vous soutenir, en insistant sur les bénéfices que l'Arménie pourrait tirer de cette expédition. Pour appuyer ses dires, il prit lui même le commandement de l'expédition, et a débarqué sur vos terres récemment à la tête d'une avant-garde d'élite. Il m'a lui même dépêché ici dès notre arrivée, avant de partir vers le nord à la rencontre des barbares.
D'autres troupes sont en route pour vous soutenir dans cette guerre.

L'émissaire fit une brêve pause, puis conclut son discours :

Sénateurs, peuple de Rome : vous n'êtes plus seuls.

Moi, Artaxias 1er d'Arménie, ai une déclaration à vous faire, au nom de l'alliance Arméno-Pontique.

Voyez-vous, dignitaires de toutes les nations, je suis d'un naturel méfiant. Certains d'entre vous l'ont sans doute déjà observé. Je surveille méthodiquement ce que peuvent faire et dire mes voisins, pour éviter des mauvaises surprises.

Et il y a, chez un certain nombre de mes voisins, des comportement plus qu'inquiétants. Voyez-vous, dès l'accession au trône du nouveau souverain babylonien et la signature immédiate d'une alliance entre les deux séleucies, je me suis particulièrement méfié de lui.
Il afficha rapidement des désirs d'hisser son royaume à une plus grande puissance politique, économique et militaire. Cela est assez classique me direz vous, mais la situation politique étant assez exiguë dans la région, la seule voie est une expansion militaire. Or, la Babylonie n'a que deux voisins : l'Egypte et l'Arménie.
Sethascorpion a de plus manifesté, selon quelques informateurs, des propos qui laissent penser sans trop de doutes que quelque chose de militaire se préparait. Je ne m'en suis pas inquiété outre mesure.
Sauf qu'un évènement inquiétant a eu lieu, il y a de cela quelques mois. L'Egypte est entrée dans l'alliance grecque. Cela ne laisse qu'une alternative aux deux séleucides : l'Alliance Arméno-Pontique.
Néanmoins, n'étant pas sûr de cela, j'ai attendu pour observer l'attitude de l'alliance Héllène.

Eh bien, Babylone forme de plus en plus de soldats les mois passant, et modernise ses troupes.
Sethascorpion recrute sans cesse de nouvelles troupes lourdes, dont des éléphants.
Et récemment, un marchant arménien m'a informé que des navires grecs avaient jeté l'ancre aux côtes orientales de la grèce, où une armée grecque était en regroupement. C'est ce qui m'a convaincu. Que feraient les grecs à former une force de débarquement en orient si ce n'est pour envahir le Pont ? Le positionnement de ces troupes ne laisse aucun doute.

Je pense que vous voyez où je veux en venir, à présent. Ces agissements ne me laissent aucun doute sur l'attitude belliqueuse des héllènes.

Mais il apparait clairement qu'ils ne sont pas prêts. Leurs armées sont incomplètes et peu entrainées, leurs flottes pas regroupées. Je ne les laisserai pas se renforcer plus encore, c'est le moment idéal pour attaquer, avant qu'ils ne finissent leurs préparatifs. Il faut frapper maintenant, tant que ces perfides sont en état de faiblesse.

En conséquence, l'alliance Arméno-Pontique déclare sur le champ la guerre à l'alliance Héllène composée des deux Séleucies, des cités grecques et de la Macédoine.
Je suis attristé de votre attitude. Je pensais que l'alliance grecque était digne de confiance et que nos relations étaient bonnes, mais visiblement ce n'était qu'une façade.

Néanmoins, sachez qu'en cas de victoire, nous ne rayerons pas vos royaumes de la carte. Nous prendrons évidemment certaines possessions, mais nous ne voulons pas vous anéantir.

Les armées pontiques et arméniennes sont dès à présent en route. Seule la reddition mettra fin à cette guerre.

Le Prince Arakel, fils héritier du roi Artaxias 1er d'Arménie, avait été désigné par son père général d'une des armées d'Arménie, en signe de confiance. Arakel avait une vingtaine d'année et était peut être un peu inexpérimenté pour commander seul une aussi grande armée, mais ce sera la meilleure façon de faire ses preuves devant les généraux vétérans qui commandaient les autres armées en partance pour la Séleucie. Bon, certes, ce n'était pas avec ce premier "fait d'arme" qu'il montrerait au monde son génie tactique...

-Eh bien, c'est donc vrai, il n'y a pas de garnison.

Arakel observait de loin la délégation de la cité d'Edessa sortir de la ville et venir à sa rencontre. Des civils. Pour une raison que lui seul connaissait, Sethascorpion avait laissé cette ville frontalière sans garnison. A croire qu'il n'était pas au courant qu'une guerre avait éclaté entre l'Arménie et la Séleucie... Les habitants, se sentant abandonnés, n'ont pas opposé de résistance et ont envoyé une délégation pour que le sang ne soit pas versé. Arakel accèdera à leur demande, il n'était pas là pour massacrer la population mais pour gagner une guerre contre des soldats armés.
Les séleucides étaient étonnamment peu combattifs. Mais Arakel se doutait que leurs armées d'élite allaient bientôt se montrer, sans doute était-ils en train de les rassembler... des rumeurs courraient sur la présence d'éléphants de guerre avec eux. Arakel n'en avait encore jamais vu, mais avait lu plusieurs parchemins qui en faisait la description, et il espérait que cet état ne changerait pas avant longtemps.



Arménie, sur une route de montagne, une immense armée cheminait vers le sud.

Un messager à cheval arriva à toute allure, et demanda à un officier où était le roi. Sans rien dire, l'officier lui indiqua l'avant de la colonne.
Il la remonta au galop, et finit par repérer Artaxias 1er.

-Mon roi ! Mon roi ! Je suis porteur d'un message pour vous, en provenance de Mithridate du Pont !

Il remit le parchemin à son roi et se retira. Artaxias ouvrit le parchemin un brin fébrilement. C'était sans doute les nouvelles des batailles en mer Égée, la situation de son allié Mithridate en dépendait entièrement. De la Grèce ou du Pont, celui qui maitrisera la mer mènera la danse. A la lecture de la missive, il éclata d'un rire tonitruant.
-Qu'y-a-t-il, votre altesse ? demanda un officier arménien chevauchant à ses côtés.
-Ce qu'il y a ? La victoire est totale, voilà ce qu'il y a ! Mithridate a anéanti la majorité de la flotte grecque, il est maitre de la mer Égée. Andriskos ne peut rien tenter sans flotte, les îles grecques sont isolées et peu défendues... Mithridate n'a rien à craindre d'un débarquement grec désormais, et peut même se permettre de conquérir les îles. La situation à l'ouest à idéale.
De plus j'ai reçu il y a peu une missive venant d'Arakel pour m'informer qu'il a prit la cité d'Edessa sans résistance. Ah ! Nous sommes victorieux sur tous les fronts. Il faudra que nous accélérions le pas, des fois que l'ennemi se rende avant notre arrivée !
Il rit de plus belle de son trait d'humour, ses officiers s'empressèrent de faire de même.

Un messager, envoyé par l'ambassadeur arménien auprès de son allié Mithridate, demanda audience pour une nouvelle qualifiée "d'urgence maximale".

-Que s'est il passé ? demanda le souverain.
-Mon roi... Votre allié Mithridate III du Pont a fait son discours récemment à propos de la guerre future. Le début de son discours était favorable à une entrée en guerre au nom de notre alliance... Puis il annonça que sa compassion était supérieure à sa loyauté et qu'il refusait d'entrer dans une guerre meurtrière, mais qu'il nous aiderait si nous étions en difficulté.
-Quoi ?! Impossible ! Il me trahit ?
-Eh bien... Il semblerait que ça n'ait pas plu à tout le monde au sein même du Pont, et plus particulièrement à l'armée pontique. Comment dire... Juste après cette déclaration, les généraux ont fait un coup d'état et ont fait arrêter Mithridate et son fils. Mithridate III a été renversé, c'est le général Antares qui est désormais à la tête du Pont.

Silence.

-...Mithridate... Renversé ? Finit par murmurer Artaxias.
-Oui, mon roi.

Silence.

-...Qu'a dit Antares ?
-Il souhaite donner au Pont-Euxin la grandeur qu'il mérite, selon ses mots. Il est de tout cœur avec votre déclaration de guerre et vous soutiendra.

Silence.

-...Je n'arrive pas à y croire...

Silence

-...Pour le moment, c'est sans doute mieux ainsi. Nous ne pouvons pas accepter la défection de notre allié dans cette guerre. Oui, c'est mieux ainsi... Sans doute... Tu peux te retirer.

Le messager s'inclina, remit au roi le parchemin où étaient décris les gestes et paroles exactes qui eurent lieu durant le coup d'état, et quitta la salle d'audience.

Une multitude d'émotions contradictoires agitaient le souverain. Mais à vrai dire, la déclaration de Mithridate avant son renversement n'incitait pas vraiment Artaxias à exiger son rétablissement sur le trône. Du moins, tant que la guerre n'était pas terminée. Il avait besoin d'un allié fort pour le soutenir. Après la guerre... Nous verrons.

[HRP : Juste pour chipoter, à la façon dont c'est dit on dirait que le coup d'état s'est décidé comme ça, d'un coup
A part ça, bravo ! Ça me ferait presque reconsidérer mes "plans" pour Mithridate, ça pourrait être intéressant de le confronter à Artaxias ...]

Bah pour l'Arménie il est particulièrement soudain ce coup d'état. Vu que c'est raconté par un arménien, c'est peut être pour ça cette impression de "d'un coup".

Une confrontation dans un débat oral peut être pas mal, oui

Sanesh, quartier général du roi Artaxias 1er pour les opérations de Séleucie. Le palais royal était le foyer d'allers et venues incessants de messagers, de conseillers, d'officiers... Le déclenchement de la guerre était imminent, et le souverain d'Arménie avait organisé une dernière réunion des principaux généraux des armées d'Arménie.

Au centre de la salle où se tenait la réunion trônait une grande table ronde en marbre massif, couverte de cartes et de rapport en tous genres. Autour de la table étaient présents les principales têtes du royaume :
-Artaxias 1er d'Arménie, redouté souverain du royaume d'Arménie, présidait cette assemblée.
-Son fils aîné Arakel, avait amplement fait ses preuves depuis ses débuts à la Première Guerre Orientale. Malgré son jeune âge, sa vive intelligence et ses remarquables aptitudes guerrières marquaient le respect des plus grands du royaume.
-Le Généralissime Tigrane, deuxième personnage d'Arménie et chef des armées après le roi, un des plus fins tacticiens du royaume et d'une fidélité sans faille à son souverain.
-Le Général Artavazde, vétéran parmis les vétérans, faisait preuve d'une grande sagesse et son avis était toujours écouté avec grande attention. Mentor d'Arakel, le Prince le considérait comme un oncle et des liens forts se sont tissés entre les deux hommes.
-Le Général Vahan, âgé d'une trentaine d'année, membre d'une des plus grandes familles nobles d'Arménie était quelques peu hautain et impulsif. Certains chuchotaient que sa place de Général n'était dû qu'à sa haute naissance, mais Vahan mena ses batailles avec talent et prouva que son grade était entièrement mérité. Non dénué d'ambition, il avait néanmoins un grand respect pour son roi qu'il considèrait comme le bâtisseur de la gloire et de la puissance que connaît l'Arménie. Néanmoins, il n'avait pas autant de respect pour le fils ainé de son souverain.

Artaxias commença :
-Messieurs...Ceci est notre dernière entrevue avant le début des hostilités. Les derniers préparatifs sont terminés ?

Tous acquiescèrent.

-Bien. Les derniers messagers m'ont confirmé qu'aucune armée Égyptienne n'a pénétré en Séleucie ou est sur le point de le faire pour aider leurs alliés. Néanmoins, Pharaon rassemble ses armées, et il se pourrait bien qu'il finisse par décider d'envoyer des troupes pour soutenir les séleucides. Nous devons frapper vite, et fort. Toutes nos armées doivent déferler en même temps sur les deux séleucies pour briser leur résistance d'un seul et unique coup dévastateur. Quand elle sera seule, l'Égypte pliera facilement face aux troupes arméniennes et pontiques réunies. L'un de vous a-t-il une remarque à formuler ?

Vahan prit la parole :
-Mon roi, j'aurais une faveur à vous demander. Puis-je avoir l'honneur de commander l'armée qui entrera dans Babylone ?

Artaxias interrogea le général Artavazde du regard, qui était censé commander ladite armée. Le vieux général soupira, et répondit :
-Bah, je te laisse le commandement de ces troupes. A mon âge, on ne court plus après la gloire de la sorte.

-C'est entendu. Ta demande est accordée.

-Merci beaucoup, fit Vahan en s'inclinant.

Le Généralissime prit la parole à son tour :
-Pouvons-nous être sûrs du Pont après ce coup d'état ? Nous ne savons pas ce dont est capable cet Antares, et un allié instable est la dernière chose dont nous avons besoin.

Le roi répondit :
-Je pense que oui. Il tient le Pont d'une main de fer et tous les généraux pontiques sont de son côté. A vrai dire, dans l'optique d'une guerre telle que celle que nous sommes sur le point de mener, je préfère avoir un allié comme Antares que comme Mithridate. J'ai encore sa déclaration avant son renversement au travers de la gorge.

Vahan abattit son poing sur la table et déclara :
-Mithridate n'est qu'un lâche sans honneur ! Sans ce coup d'état salvateur, le Pont nous aurait abandonné alors que nous sommes sur le point de mener la guerre la plus difficile de notre histoire. Ses seules préoccupations sont le bien être du bas peuple... C'est pitoyable.

Le prince Arakel prit la parole pour la première fois depuis le début de la réunion :
-Je ne suis pas d'accord. Le bien être du peuple est également important, c'est ce qui fait la force d'un royaume. Même si Mithridate a fait le mauvais choix, je pense qu'il est le meilleur souverain qu'un royaume puisse avoir en temps de paix et un gage de stabilité, contrairement à Antares dont je crains les réactions quand la paix sera revenue.
Vahan foudroya le prince du regard mais préféra ne pas répondre.

Le roi reprit la parole :
-Revenons à la situation militaire. Tigrane, les troupes en partance pour l'Arabie sont-elles arrivées comme prévu ?

-Oui mon roi. Pharaon semble vouloir se cantonner à défendre ses cités, nous n'avons pas grand chose à craindre. En Arabie comme ailleurs, tout se passe comme prévu. La victoire sera rapide.

-Bien bien... Eh bien, messieurs, il semblerait que tout ait été dit. Je clos cette assemblée, que chacun regagne ses troupes et face mouvement vers sa cible dès le premier jour de mars. J'attends de vous tous des victoires rapides et éclatantes. L'Arménie sortira glorieuse de cette guerre.

Tous approuvèrent, saluèrent le roi et sortirent de la salle pour rejoindre leurs armées respectives le plus rapidement possible. La guerre qui décidera du sort de l'Orient allait commencer.

Cité d'Épiphania, Séleucie. Une grande armée arménienne avait érigé un vaste campement aux abords de la ville. Un grand nombre d'engins de sièges étaient en construction et on devinait que l'assaut était proche.
Les troupes arméniennes étaient commandées par le prince Arakel, fils ainé du roi Artaxias 1er.
Keram, un des conseillers les plus proches du roi Artaxias, qui suivait habituellement le souverain à la guerre, se présenta à la tente du prince. Arakel l'invita à entrer, étonné de la venue du conseiller, faire office de messager n'étant pas dans ses fonctions.

-Mes respects, Prince. Je suis ici par ordre du roi car les informations que je dois vous transmettre ne peuvent être mises entre les mains d'un simple messager. La Thrace vient de nous déclarer la guerre, et il est probable que les scythes fassent de même. Un nouveau front vient de s'ouvrir au nord.

-Je vois... Cela devait finir par arriver. Mais je suppose qu'un des principaux conseillers de mon père n'est pas venu pour seulement m'informer de la situation politique du royaume.

-Vous supposez bien. Les troupes stationnées au nord ne sont pas suffisantes, et la guerre avec les thraces est tout aussi importante que celle avec les séleucides. Des troupes actuellement à l'assaut des cités séleucides doivent être redéployées au nord pour encaisser le choc des cavaliers des steppes et opérer des débarquements en Thrace. Un général de confiance doit prendre en main ce nouveau front. Et c'est vous que le roi a choisi, prince. Une partie de notre cavalerie remonte actuellement vers le nord, vous devez quitter vos troupes actuelles qui seront commandées par un autre général, rejoindre nos cavaliers et remonter à marche forcée vers le nord.

-Bien. Faites savoir au roi que je me mets immédiatement en route. Si vous n'avez rien d'autre à me dire, vous pouvez disposer.

Keram s'inclina et sorti de la tente. Arakel, resté digne face au conseiller, débordait de joie et de fierté. Sa nomination au commandement de la guerre face aux thraces et aux scythes était la preuve de la confiance que mettait son père en lui. A partir d'aujourd'hui, il était enfin considéré comme un des plus grands généraux du royaume. La guerre contre les thraces et les scythes sera une victoire éclatante, Arakel ne décevra pas la confiance placée en lui.
Les scythes s'enorgueillissaient de leur cavalerie, réputée invincible en plaine. Ils allaient apprendre à leurs dépends que les cataphractes arméniens lourdement armés n'étaient pas les mêmes adversaires que des piquiers barbares sans armures.